Lorsque, il y a trois ans, nous avons traité les premiers échantillons de sédiments glaciaires avec la procédure ARTGoldMC, nous avons eu la surprise d'avoir récupéré les grains de minéraux du groupe du platine (PGM) ! Depuis, nous constatons que ces minéraux habituellement très rares sont récupérés des sédiments provenant de pratiquement tous les projets !
Les PGM forment une famille complexe de minéraux contenant des dizaines d'espèces, impliquant 9 métaux précieux et 7 métalloïdes comme ligands. Leurs points en communs : ils sont relativement denses, variablement distinctifs, généralement stables et très petits, typiquement moins de 20 microns, mais ils ne sont pas si rares...
La petite taille des grains de PGM faiont qu'ils ne sont pratiquement pas récupérés par les méthodes conventionnelles de séparation de l'or. De plus, leur teinte moins contrastante fait que, vue leur petite taille, ils ne peuvent être identifiés au microscope binoculaire selon les méthodes usuelles, et ce sans égards à l'expérience des techniciens. Ces problématiques ont été contournées par notre procédé de récupération à l'aide d'un lit fluidisé, et le décompte automatisé au microscope électronique. Et de ce fait, nous les récupérons et les comptons. Sur l'ensemble des échantillons traités à ce jour, on note un taux d'occurrence typique d'un échantillon contenant des PGM sur 5 échantillons, sans trop d'égard à la provenance. Par contraste, nous ne sommes pas avisés qu'un seul grain de PGM ait été rapporté pour l'ensemble des milliers d'échantillons traités pour le compte des grains d'or avec les méthodes conventionnelles en Abitibi et dans le nord du Québec. Ce n'était pas une question de rareté, c'était une question de limite de détection !
À titre d'exemple concernant la rareté relative des PGM. Une étude a récemment été faite où des sections minces provenant des basaltes d'Hellancourt, Fosse du Labrador, ont été balayées à haute résolution au MEB. Les grains de PGM y ont été détectés ici et là, typiquement avec une taille de quelques microns. Pourtant, les basaltes n'étaient pas en apparence minéralisés, contenant que des traces de sulfures, et rien dans les analyses chimiques ne présageait la présence des platinoïdes.
Ainsi, depuis 2 ans, nous avons accumulé une base de données contenant l'analyse chimique et la morphologie de plus de 1500 grains de PGM divers, représentant plus de 20 espèces minérales connues. Nous avons de plus, une dizaine d'espèces minérales dont la composition chimique est non-documentée (avis aux chercheurs qui veulent publier...). La variabilité de la composition, les altérations induites par la météorisation, la forme des grains et leur association minérales sont documentées, et seront présentées au congrès du RFG-2018 par M. Phillipe Pagé, Ph.D. (session Min-38, lundi le18 juin à 11 h 45.
Ce fut initialement fortuit, mais nous croyons présentement que nous détenons la clef d'une méthode permettant l'exploration régionale efficace pour les platinoïdes... juste en explorant pour l'or !
« Il y a ceux qui suivent les règles... et il y a ceux qui les définissent »
Quelques exemples de grains de minéraux du groupe du platine tel que détectés par la méthode ARTGoldMC dans des échantillons de till provenant du sud de l'Ontario.